Novembre l'Amour la Mort
Prologue
Pour toi Jeanne Émilie, grand-mère de mon père, ces quelques mots, ces quelques vers, écrits en 1912...
Dits par leur auteur qui pleure son amour perdu.
Et la musique est venue se glisser sous les mots, au féminin
Texte original et traduction en note de bas de page
Le rêve enseveli et l'Histoire
Ce matin, m'ont effleurée quelques effluves du passé.
De qui, de quoi ai-je pu rêver pendant la nuit ? Peut-être de toi Jeanne Émilie...
Au réveil il ne m'en restait rien, juste quelques vers de Guillaume Apollinaire portés par la chanson de Solveig.
Toi, Jeanne Émilie, sans doute aurais-tu eu, à ma place, en mémoire la Louise de Gustave Charpentier.
La Première avait eu lieu à l'Opéra comique à Paris, en 1900. Ah ! les amours de Louise et Julien ! Aviez-vous eu, ton mari et toi, l'occasion d'en être ensemble spectateurs, avant la guerre ?
Dans les 60 ans qui suivirent l'armistice, combien de fois es-tu allée, toute seulette, l'entendre et vibrer avec Louise quand elle chante "Le premier jour où je me suis donnée"?
Affiche de la Première à l'Opéra comique, Paris, 1900.
Les enregistrements disponibles ne sont pas de grande qualité. Voici celui de Maria Callas parce que c'est elle !
Les vivants et les morts
Jeanne Émilie, grand-mère de mon père, je prends soin de ta maison.
Le 2 novembre, comme tous les ans, j'ai fleuri ta tombe.
Aujourd'hui, 11 novembre, comme je peux, j'honore la mémoire de ton Julien, "tombé au champ d'honneur", à 33 ans, le 8 mai 1916. Jamais remplacé.
À Douaumont, il repose. Dans l'ossuaire, peut-être.
En 1978, prête à le rejoindre, tu rêvais encore de lui. Du rêve, tu as seulement dit : "C'était bien !" Et sur tes lèvres nous avons vu flotter le sourire innombrable de la mer. Il venait te chercher n'est-ce pas ?
Quant à lui – blessé à la tête par un obus le 17 mars 1916 et trépané – il meurt des suites de sa blessure le 9 novembre 1918. Il avait 38 ans.